Anti-Éros
Αντι-Ερος is on the beach
passki faut pas confondre
le plastic bag la jelly fish
sur la plage graveleuse
des milliers de galets prennent leur pied
épousent la forme des légumineuses
qui s’étendent grassement en splash
revolting
dans le temps qui s’étire goulûment
la fin de la rôtissoire s’annonce
B · U · R · P
lorsque la boule de feu bascule
au loin
très loin derrière les bandes grises signalant une civilisation certaine
Pendant ce temps, of course, l’imperturbable turquoise bat des cils et de l’écume, fait rougir les baigneur·euses tant sa température évoque celle d’une citerne en surchauffe, d’une piscine jolie où les voiliers et vedettes de riches côtoient hors-bords et sportifs nautiques tout grisés de vitesse.
Il faut le chercher profond, mais Αντι-Ερος est là. Il se tapit dans la quarantième déferlante à gauche, juste après la bouée imaginaire. Vautré entre deux sillons sableux, il attend son moment pour sortir, dégainer sa flèche puissante et dégommer des sentiments à la noix qui ne vont que dans un sens. Il aimerait bien aider le malheureux épris de la damzelle aux seins nus – pour cause d’héliothérapie. Mais viser juste ou viser bas, elle est troublante la jouvencelle…
Tiens, la voilà qui se dirige vers le fluide réparateur afin de calmer ses ardeurs déclenchées par un crabe endiablé qui dansait sous sa serviette et massait sa poitrine en remuant tête en bas tête en l’air la gravelle irrégulière.
À peine arrivée à la cinquième vague à droite, un morceau plastifié vient lui caresser le mollet. Elle s’en amourache sur le champ. Il s’imprime sur sa peau à la moindre impulsion jambière.
Sa présence se fait pénétrance ; impossible de s’en défaire ! Ce morcelet à essence va faire un bon bout de chemin à ses basques, choyer ses pores une à une et la mener à la jouissance intégrale tandis que le malheureux épris n’a plus que ses larmes à offrir à la mer, sa salinité aux vaguelettes rieuses qui – en échange de bons procédés – lui livrent des méduses toutes mignonnes. En voici d’ailleurs une qui s’agrippe à son membre pendant. Elle l’enserre joyeusement, astiquant bien la peau lisse de sa membrane élastifiée, gluante, 100 % naturelle et pas même parfumée à la fraise et
all is well that ends nearly as well
but
Αντι-Ερος peuple nos plages
et il faut s’en méfier comme de la braise
car plastic bag et jelly fish
n’ont rien à fricoter ensemble
si ce n’est l’anéantissement
dudela touriste infernal·e
sur les côtes sacrées par les dieux grecs
et les décadent·es noircissiques