(partagés à l’Asile 404 pour la soirée objective ENVERRE)
Verre d’absinthe
Une femme à absinthe
ne s’abstient de rien
elle s’absente du présent
elle se coupe du vivant
Ses pensées se dispersent
toute pression retombée
dans un monde informel
aux recoins dédaliques
Une femme à absinthe
laisse voguer son âme
sur les nuages du passé
à l’écume délirante
Elle oublie les hoquets
des maladies vénériennes
Elle oublie les relents
des éclairs passionnels
Paisiblement elle flotte
Car l’absinthe a ça de bon
Elle éloigne la vigueur
de la réalité
Oui l’absinthe est parfaite
pour suspendre le concret
l’encapsuler
dans un instant pérenne
Si elle brouille le regard
les visions n’en sont pas moins nettes
Elle dote nos heures
d’une mélancolie âcre
La sublime fée verte
aux abîmes insondables
Verre de rouge du ventoux
En vert
des vers
revers
je ne suis plus la poupée de vair
on ne m’attache plus au lit avec des menottes
je dors à même le sol
En vert
des vers
revers
je ne suce plus la nuit
à toute branlée sur l’autoroute
je me grise autrement et avec d’autres corps
mais lui
il se souvient
la poupée charmante
et moi aussi
je sais bien
combien c’était excitant
de ne rien voir rien savoir
juste sentir la vitesse
et se demander si on va se planter
s’il va lâcher l’accélérateur
ou si on arrivera à bon port
pour se prendre par tous les trous
sur le tapis du salon
parental
En vert
des vers
revers
il faut briser le mythe
de l’histoire miraculeuse
comprendre que ça n’aurait pas marché
plus longtemps que ça
qu’on aurait fait genre couple de verre vicié
encore un couple
à la dérive avec le temps
il faut briser le mythe
l’éclater en mille
et se dire qu’on a bien fait de s’en donner à cœur joie
sur le tombes du cimetière
à la verdoyance en danger
au bureau ou dans le petit bois
en cuissardes
et sans cravache
ROUGES
se dire que c’était des exercices
de doigté exceptionnel
d’addiction commune à l’adrénaline
calmée aujourd’hui
par la présence
mentale
de sa dame
qui ne souffrirait de savoir
qu’il veut revivre tout ça
LE FEU AU VENTRE
mais non c’est terminé
les fluides de la poupée se sont déversés dans la Tamise
le verre est redevenu sable
et le compte à rebours vers d’autres plaisirs
a commencé
En vert
des vers
revers
bouffe-toi tes regrets et vomis-là tes pensées
qui te font m’appeler la nuit
pour savoir si je mouille
Oui, carre toi bien tranquille mon chou
les vers ne m’ont pas mangé le corps
et je transpire encore
de baiser très fort
sans programme monogamique
qui réserverait mes parois à un seul et unique
VER
Verre de schnaps alsacien (projeté)
Mort aux mots
Morts aux rêves
Rêves de mots
Mots rêvés
Inventés
Dégradés
Mort aux rats
Matamore
Trêve de rats
Rats tachés
Attachés
Aux filets
Mort à toi
Mortifère
Toi t’es mort
Ta mordacité
Si mordorée
T’a dévoré
dans les godets d’ouzo de la nuit grecque
la Parole # le Feu
des étincelles dans la voix de toi
La tienne en folie vermeille
Je m’envole sans planer
Mon squelette de morue
s’ancre dans la marée
Délitement sub-rep-tile-hie-un
La tête sans les jambes
à l’endroit de l’envers
J’offre mon entre-
jambe déliquescent
Je veux ton antre
de faunelle bouillonnante
Il pleut des pointes et des angoisses
dans ma vie et je m’en débarrasse
en crachant de la tignasse
Viens, danser ta géométrie variable
Viens, frétiller de tes écailles endiablées
Je me vivliophil-harnache
auto-harponnée
trop plein ?
déjà ?
Viens, dévisse tes talons du sol
Enveloppe de ta neige lilas
ma pensée arc-en-ciel
Donne à mon tronc décharmé
une allo-vie
au pays des orchidées