Groll

performé en anglais et en allemand à l’occasion de plusieurs soli-festivals (Berlin, Amsterdam et extrait de la pièce Speak out)

S’ouvrir

tirer
pomper
arracher

tirer
pomper
cracher

rouvrir la cicatrice
les cicatrices

pour extirper
le pus de l’enfance
laisser jaillir
laisser couler

ne plus penser
ne plus ruminer

reVOIR
pour ne plus
oblitérer

les images de sexes

poilus

imberbes

tous aussi infects

des tout jeunes

comme des vieux
bref de tous ceux
qui m’ont
rentré dedans

qui se sont frottés
à mon intimité

cousins
ou ennemis
p a s v r a I m e n t d é s I r é s
p a s v r a I m e n t r e p o u s s é s

A-B-U-S-É-E

Eh, Y’a de l’abus, là
Tu t’es vu quand t’as bu ?

revoir les images et les soupirs

han
encore !!
haaan

Re-sentir le désagrément

les pleurs
oui

je me suis laissé faire

faible
la chair est faible
d’t’façon, hein, c’était couru d’avance

ressentir à neuf l’impureté
l’oppression d’un désir
A F F R E U X I N F E C T I M P R O P R E
pesant sur ma conscience
et sur mes profondeurs

souhaiter avoir combattu
et mordu plutôt qu’avoir
léché et pleuré
sans comprendre

sentir ENCORE

ces kilos
détestés       haïs
de beuverie
et d’appropriation
crue inéluctable
voire indispensable

RE-voir

pour s’insurger
contre la liberté que
ces porcs ont pris sur moi
contre leur ascendant puant

inSSSpirer pour débloquer les
boyaux encombrés jusqu’à la moelle
de spermes et de rancœur et de mille
odieusités

consommée jusqu’à plus soif

inSSSpirer pour ramoner mon cerveau
désengorger la noirceur
des pénis invasionnants
des corps étrangers oubliés

 

NON
NON
NON
aux invasions trop faciles

 

UN DOIGT
aux sourires éhontés

UN COUP DE POING
dans les souvenirs dégradants

TRIPLE MERDE
à moi-même et mon passé

refoulé aux sources
du désir de la fin
de la mort de la haine
de l’exertion exercée
par des salauds sadiques
ou juste
insanes

dépouillés de raison et de prévenance
ignorant ce petit mot
si clair si net
qui à lui seul
CRIE

je vous emmerde

 

photo: Louise Markise